Publié le 03/08/2023 par Nathalie Strauch | Mis à jour le : 27/05/2024 | 13 min de lecture
Sujets : Empreinte carbone, Énergie, Environnement, RSE, Transition écologique
Calculer son bilan carbone
Tout le monde le sait désormais : le changement climatique est une réalité néfaste qui fait peser de graves menaces sur notre planète. Même si les rapports du GIEC sont alarmants, il est encore possible d’agir pour limiter le réchauffement. Avoir un impact sur le climat impose une mobilisation de tous, particuliers comme entreprises ou administrations publiques. L’état ne pouvait être absent d’un sujet aussi crucial et son engagement était nécessaire pour que chacun s’investisse fortement dans la réduction des gaz à effet de serre (GES) et la lutte contre le réchauffement climatique. C’est l’objet de la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, qui fixe un cadre commun pour mesurer les émissions de GES, analyser les risques qu’elles font peser, amener chacun à agir pour limiter le réchauffement et prendre le virage de la croissance verte. Les entreprises doivent prendre leur part dans ce processus : connaître son empreinte carbone est le premier pas de cette démarche. Il est donc nécessaire de calculer son bilan carbone pour connaître ses émissions de GES, voir lesquelles réduire et proposer un plan d’actions. En plus, calculer son empreinte carbone est une démarche positive au vu de la RSE.
Sommaire
Calculer son bilan carbone : une contrainte législative forte
3 catégories à prendre en compte pour calculer son bilan carbone : les scopes 1, 2, 3
Le géodécisionnel : un outil indispensable pour calculer son bilan carbone
Calculer son bilan carbone : une contrainte législative forte
Un engagement précoce en faveur de la réduction de l’empreinte carbone.
Pour réduire les émissions de GES, il faut avant tout les mesurer. Ce constat a conduit des instances internationales à proposer une mesure normalisée des GES, puis à mettre en place la norme ISO 14064.
En France, l’ADEME met en place dès 2004 un outil qui s’appuie sur les recommandations internationales : le bilan carbone. Les organisations publiques ou privées peuvent ainsi calculer leur bilan carbone, indispensable pour établir leur bilan GES.
La loi du 12 juillet 2010 en faveur de la protection de l’environnement est un tournant fort puisqu’elle impose la réalisation du bilan d’émissions de GES pour certaines entités. Il s’agit de réaliser un diagnostic sur une année pour établir un constat d’une part et proposer des pistes d’amélioration d’autre part. Les établissements concernés doivent donc calculer leur bilan carbone avec précision.
Qui doit calculer son bilan carbone ?
La loi définit très précisément quelles entités doivent calculer leur bilan carbone et le publier sur le site de l’ADEME (le bilan carbone est public) :
- les personnes morales de droit privé de plus de 500 salariés (bilan carbone à réaliser tous les 4 ans)
- les personnes morales de droit public de plus de 250 salariés (calcul de l’empreinte carbone tous les 3 ans)
- les collectivités locales de plus de 50 000 habitants.
Outre les établissements qui y sont contraints par la loi, les autres ont tout intérêt à se pencher dès à présent sur leur empreinte carbone. Car calculer son bilan carbone, c’est quantifier les émissions de GES et aussi proposer un plan de réduction. Sa mise en œuvre permet d’économiser sur la facture énergétique globale. De plus, s’investir ainsi dans l’environnement, c’est aussi bénéficier d’un retour positif pour l’image qui s’inscrit dans la politique RSE de l’entreprise.
En 2022, la réglementation autour du bilan carbone a évolué
Si la définition des organismes devant calculer leur bilan carbone n’a pas bougé, le périmètre du bilan sur les émissions de GES a en revanche évolué. Il s’agit désormais de prendre en compte l’impact climatique global de la totalité des activités d’une entreprise ou d’une administration. En effet, depuis le 1er janvier 2023, les organismes concernés doivent calculer leur bilan carbone complet.
Avant cette date, le calcul du bilan carbone portait uniquement sur les émissions directes ou indirectes en lien avec l’achat de produits énergétiques (correspondant aux scopes 1 et 2 dont nous parlerons plus bas). Maintenant, calculer son bilan carbone impose de tenir compte de toutes les émissions indirectes de GES pour l’ensemble de l’activité de l’entreprise (c’est le scope 3).
La réalisation d’un bilan carbone se base donc sur la totalité des émissions de GES, directes ou indirectes, réparties dans les scopes 1, 2 et 3. L’entreprise est alors à même de mesurer et d’analyser sa production par type de GES (il y en a 6) pour proposer un plan de réduction de ses émissions et un plan d’actions quantifié à mettre en œuvre jusqu’au calcul du prochain bilan carbone.
3 catégories à prendre en compte pour calculer son bilan carbone : les scopes 1, 2, 3
Les 3 scopes correspondent aux 3 catégories définies dans le périmètre opérationnel suivant lequel se calcule un bilan carbone. On peut ainsi identifier les GES et les sources d’émission pour chaque scope et plus précisément pour chaque sous-catégorie, ou « poste d’émission » de chaque scope. On en comptabilise 23 sur les 3 scopes :
- scope 1 : émissions directes liées à l’énergie
- scope 2 : émissions indirectes en lien avec la consommation d’énergie
- scope 3 : autres émissions indirectes
Scopes 1 et 2 : les plus faciles à analyser dans le cadre d’un bilan carbone.
Dans le scope 1, les GES sont rejetés directement dans l’atmosphère par l’établissement. Ils correspondent à la combustion d’énergie fossile (exemple : un chauffage). L’entreprise a donc dessus un contrôle direct et le calcul des émissions du scope 1 est assez facile (ex : consommation de gaz pour le chauffage).
Le scope 2 prend en compte les GES rejetés indirectement pour produire électricité, vapeur, chaleur ou froid et ne sont donc pas liés directement à l’entreprise. Ce scope n’est pas très étendu ; dans le bilan carbone, pour calculer les GES du scope 2, on se base en général sur une approche de la consommation énergétique.
Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes
Les GES pris en compte dans le scope 3 correspondent à toutes les autres émissions indirectes, soit pour faire simple, tout ce qui n’a pas encore été comptabilisé et qui est en lien avec l’activité de l’entreprise. C’est un vaste fourre-tout puisqu’il représente à lui seul 17 des 23 postes d’émission des 3 scopes.
Répartition des clients d’un magasin en fonction du temps d’accès
C’est dans le scope 3 que se trouvent la majorité des émissions liées à une activité avec des postes très divers et difficiles à quantifier. En voici quelques-uns :
- Achats de produits et de services : matières 1ères, matériel informatique….
- Déchets : prise en compte des émissions de GES liés aux déchets (des déchets du bâtiment aux déchets de bureau).
- Transport de marchandises : aussi bien les produits nécessaires à une production que l’acheminement des produits finis (amont et aval), nécessite de calculer le temps de trajet.
- Déplacements professionnels : commerciaux visitant leurs clients par exemple.
- Transport des visiteurs et des clients : prendre en compte tout déplacement d’une personne extérieure vers un site de l’entreprise.
- Utilisation des produits vendus : prise en compte des GES émis lors de l’utilisation des ordinateurs… dans un usage professionnel.
- Déplacement domicile travail : il faut tenir compte des déplacements quotidiens et du mode de transport.
Calculer son bilan carbone : pourquoi il faut désormais tenir compte du Scope 3
On voit la diversité des postes à analyser dans le Scope 3 : il permet de prendre en compte l’impact complet de l’entreprise pour les émissions de GES, et c’est bien ce qui est important si l’on veut proposer des réductions d’émissions de GES efficaces pour le climat.
L’obligation depuis le 1er janvier 2023, d’intégrer le scope 3 dans le calcul du bilan carbone était donc une réelle nécessité pour obtenir une analyse fine et au plus près de la réalité de l’empreinte carbone des entreprises et administrations. En plus, comptabiliser précisément les émissions de GES pour le scope 3 entre parfaitement dans la politique RSE des entreprises, en particulier avec la mise en place des plans d’actions de réduction de GES obligatoire dans le bilan carbone (avec des objectifs chiffrés).
Mais reste que réussir à comptabiliser les émissions de GES du scope 3 est un vrai casse-tête compte tenu du nombre de postes d’une part et de la difficulté d’analyse des données d’autre part.
Le géodécisionnel : un outil indispensable pour calculer son bilan carbone
On l’a vu : calculer précisément ses émissions de GES du scope 3 est indispensable pour déterminer son bilan carbone avec précision. Mais c’est très compliqué. Comme en plus c’est dans ce scope que le bilan des émissions est le plus lourd, c’est aussi à ce niveau que les entreprises peuvent trouver les plus gros gisements d’économies (en émissions de GES mais aussi financières) pour leur plan d’actions. Articque et Ad Hoc Solutions se sont d’ailleurs associées pour proposer des solutions efficaces dans le calcul du Scope 3.
Prenons l’exemple de quelques postes d’émission.
Le géodécisionnel : le bon outil pour calculer le bilan carbone des trajets domicile/ travail
Pour estimer l’empreinte carbone des trajets domicile travail, il faut prendre en compte de nombreux facteurs :
- nombre total de jours travaillés par employé ;
- jours en télétravail et donc sans déplacement ;
- type de trajet (véhicule motorisé, bus, rail, vélo, etc.) ;
- type d’énergie utilisée : essence, électricité, etc ;
- type de moteur : petit, moyen, grand,
- type de déplacements : banlieue, centre-ville, zones rurales périphériques, etc.
Analyse cartographique des déplacements domicile-travail et bilan carbone
Un outil géodécisionnel comme les solutions Articque est indispensable pour dresser un diagnostic précis des déplacements pendulaires : il permet de mettre en place une matrice de distance couplée au mode de déplacement (voiture, vélo, bus, …) et à la géolocalisation des lieux de résidence des salariés par rapport au lieu de travail. On peut ainsi établir un bilan précis des déplacements et convertir en émissions de GES (grâce à une grille de conversion) pour calculer l’impact dans le bilan carbone. La représentation cartographique des résultats est indispensable pour comprendre d’un coup d’œil comment se répartissent les salariés en fonction de différentes contraintes (courbes de distance par exemple).
On peut alors faire des préconisations d’économies : par exemple en couplant l’analyse avec la position des transports en commun, on peut proposer aux salariés distants de moins de X km d’abandonner leur voiture au profit du bus ou du tram. On peut encore proposer aux salariés proches d’une aire de covoiturage de venir ensemble (ce qui a en plus un impact direct sur leurs frais de déplacement). Ou encore mettre en place des aides directes à l’achat d’un vélo électrique.
Notre client, la CCI Bordeaux Gironde, utilise Cartes & Données Online pour établir ses diagnostics mobilité et proposer à ses clients des pistes d’amélioration sur les déplacements domicile travail.
RH, géodécisionnel, bilan carbone : une trilogie gagnante
Certaines entreprises ont de nombreux points de vente où certains postes peuvent être vacants. Pour les occuper en tenant compte du bilan carbone, notre client le Crédit Agricole Anjou Maine a mis en place avec Articque Platform un outil d’aide à la mobilité interne. Il tient compte des effectifs et de leur lieu d’habitation, de diverses données RH (ancienneté, type de poste actuel, temps complet ou partiel, etc) et de l’endroit où le poste est libre (avec ses caractéristiques). Le croisement de toutes ces données permet de le proposer aux salariés susceptibles de l’occuper en fonction d’une distance maximale de déplacement. C’est la représentation cartographique qui confère aux analyses une lisibilité si aisée.
Cartographie RH des postes vacants et candidats potentiels
C’est un levier efficace pour agir sur les déplacements pendulaires et donc diminuer son empreinte carbone tout en favorisant le bien-être au travail : moins de déplacements et économies de carburants.
D’autres exemples pour améliorer son bilan carbone
L’impact des fournisseurs doit être pris en compte dans le calcul du bilan carbone du scope 3. Il est donc nécessaire de les identifier, analyser avec un outil géodécisionnel les livraisons, les fréquences, les types de déplacements, les distances, …. Un plan d’actions pourra étudier différents modes de transport, trouver d’autres fournisseurs plus proches ou utilisant une énergie verte par exemple pour ensuite calculer le gain sur l’empreinte carbone. On le voit, les données sont nombreuses et variées et sont impossibles à analyser sans un outil avec de puissantes capacités de calcul statistique, capable d’intégrer la dimension géographique et permettant de tester des hypothèses sans perdre les résultats intermédiaires.
De nombreuses entreprises ont des problématiques majeures de livraison à partir de dépôts ou de filiales. L’analyse de leur géolocalisation et des tournées de livraison par typologie de produit conduit à proposer des solutions d’optimisation grâce au géodécisionnel : revoir les affectations des clients finaux aux différents dépôts en fonction de critères de proximité et de facilité de livraison, optimiser la sectorisation logistique… La conséquence est bien sûr directement visible dans le bilan carbone, mais l’entreprise fait aussi des économies en réduisant les coûts de transport et en optimisant le maillage territorial de ses dépôts.
Conclusion
On l’a vu, calculer son bilan carbone est compliqué surtout lorsqu’on s’attaque au scope 3. Mais c’est au niveau de ce scope que les plus grandes économies d’émission de GES peuvent être réalisées par les entreprises. Il est donc nécessaire de calculer ces émissions avec précision, pour mettre en place ensuite des plans d’actions en lien avec les objectifs de l’entreprise. Le faire n’est possible qu’avec des outils adaptés qui peuvent intégrer des données variées, tenir compte du contexte géographique, proposer des analyses en distance ou en temps facilement lisibles sur une cartographie. Les solutions géodécisionnelles Articque sont parfaitement adaptées au calcul du bilan carbone du scope 3 et permettent en plus, pour le plan d’actions, d’envisager et tester plusieurs propositions d’économie des émissions de GES.
Si la réduction des émissions de GES est indispensable pour limiter le réchauffement climatique, il faut noter qu’elle a d’autres atouts : elle s’inscrit directement dans la politique RSE de l’entreprise, car elle favorise le bien-être et la santé au travail, met en avant la croissance verte et les actions vertueuses d’une démarche plus écologique. En termes de communication l’effet est là encore positif, les actions en faveur du climat étant très favorablement reçues par le grand public.
Des pistes d’amélioration existent pourtant : dans aucun des 3 scopes, le numérique et l’internet ne sont pris en compte alors qu’ils ne sont absolument pas neutres en termes d’émissions de GES.