Publié le 12/07/2022 par Véronique Méliot | Mis à jour le : 12/11/2024 | 9 min de lecture
Sujets : cartographie thématique, Observatoire
Entre diagnostic territorial et communication grand public : la carte au service du secteur public et des associations.
A l’heure où les masses de données explosent, les collectivités locales, organismes publics et associations font face à de nouveaux défis pour mettre en valeur leurs propres données. En effet, celles-ci sont souvent organisées dans de lourds tableaux, difficiles à analyser et à rendre compréhensibles. D’autant plus que ces organisations doivent obligatoirement prendre en compte le contexte géographique, qui ne peut être représenté par un simple tableau.
Alors comment faire lorsqu’on a besoin de connaître en profondeur les ressources et faiblesses de ses territoires ? Il est nécessaire de tirer parti d’outils performants de diagnostic territorial : c’est la fonction des observatoires cartographiques, qui permettent aux administrations et collectivités de visualiser leurs données dans leur contexte géographique pour prendre les meilleures décisions et les communiquer aux bonnes personnes.
Sommaire
A la base du diagnostic territorial : une meilleure connaissance du territoire grâce à la carte
Etablir un diagnostic territorial pour piloter sa stratégie
Après le diagnostic territorial, communiquer efficacement avec les différents acteurs
La carte interactive comme outil concret d’action
Mettre en valeur ses actions auprès du grand public
L’observatoire du COVID en France et dans le monde
Les cartographies d’information de la DRJSCS Hauts de France
La lecture de données statistiques et économiques est difficile, que ce soit pour les acteurs des administrations publiques et associations, ou pour le grand public. Mettre ces données en cartes rend leur lecture plus conviviale et révèle des faits que l’on n’aurait pas décelés sans contexte géographique. Il peut s’agir, par exemple, d’étudier la couverture des services proposés par l’Etat, des ressources disponibles pour les citoyens…
De nombreuses associations et administrations utilisent donc des cartes statiques ou interactives pour visualiser leurs indicateurs : on peut citer par exemple la carte interactive réalisée par le Ministère du Travail représentant des données sur les demandeurs d’emploi à plusieurs échelles (commune, département, région) :
De même, le C2RP Carif-Oref étudie les chiffres clés de l’emploi et de la formation dans les Hauts de France via une série de cartes interactives mettant en avant les spécificités du territoire :
Réaliser des cartes interactives ou observatoires mettant en valeur les données publiques, permet ainsi de confronter divers indicateurs pour mieux faire ressortir certains phénomènes en liaison avec les territoires.
Par exemple, lorsqu’on étudie l’accès aux soins des populations sur un territoire, il ne suffit pas de lister les médecins présents. Il faut aussi rapporter leur nombre au nombre de patients. C’est ce que fait l’URPS Auvergne Rhône Alpes, qui analyse la densité médicale des médecins généralistes pour discerner où les besoins sont les plus importants. Elle étudie également des indicateurs tels que l’âge moyen des généralistes, le risque démographique (bassins de population avec des généralistes âgés risquant de partir à la retraite). On sait ainsi où on manque de médecins généralistes, mais aussi où on en manquera à l’avenir, pour anticiper le problème.
C’est ce qu’expliquent Céline Vigné, directrice de l’URPS AuRA, et Liliane Larrieu, en charge du Pôle Etudes & Statistiques : « La cartographie permet de poser des diagnostics territoriaux en rendant lisible la masse de données à notre disposition : évolution du nombre de personnes sur une commune, du nombre de médecins, âge moyen des médecins… »
Le contexte spatial est également essentiel pour évaluer l’accessibilité des ressources et infrastructures par les citoyens. Il faut en effet tenir compte des temps de trajet.
C’est ce que fait, par exemple, le Secours Populaire Français, qui géolocalise ses antennes et représente leurs zones d’accès à 20 ou 40 km dans son application cartographique interne Atrium. Le résultat est très parlant :
Représenter toutes ces données via des cartes permet de visualiser des faits que l’on n’aurait pas forcément décelés par ailleurs. Sur la carte, on voit d’un seul coup d’œil où se trouvent les zones blanches dans un maillage, quelles zones sont mal desservies par les services publics ou associations. La carte est donc un outil précieux de diagnostic territorial, pour étudier les territoires via plusieurs indicateurs, les comparer entre eux pour élaborer une stratégie et finalement lancer des actions ciblées au bon endroit.
La carte des implantations du Secours Populaire montre ainsi clairement les endroits où les populations n’ont pas accès à une antenne : la Corse, où les déplacements sont compliqués par le relief, propose un réseau insuffisant, ainsi que certaines zones montagneuses des Alpes ou des Pyrénées. Le Secours Populaire ayant pour axe prioritaire de limiter les zones blanches, l’usage de la carte est essentiel : on localise les zones où il sera nécessaire d’implanter une antenne.
Dans le cas de l’URPS AuRA, on repère bien les zones qui s’apparentent à des déserts médicaux. Ainsi, l’organisme détermine où il faut renforcer l’offre de soins et agit en conséquence : « Avec des cartes, il est possible d’analyser la situation et de réaliser des études prospectives pour contribuer à porter les projets des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé et de création de maisons de santé pluri-professionnelles pour répondre aux besoins des territoires. »
De même, les cartes interactives du Carif-Oref ou du Ministère du Travail permettent de repérer immédiatement les disparités entre les territoires et d’élaborer une stratégie d’action.
Une fois le diagnostic territorial réalisé, la carte est également un levier puissant de communication pour mettre en valeur sa stratégie. En effet, elle permet d’informer de manière efficace et lisible toutes les personnes concernées. Tout le monde n’est pas capable de se repérer dans un tableau de données, mais une carte bien faite parlera à tous et viendra appuyer les conclusions des analyses.
On peut utiliser des cartes statiques, afin d’illustrer par exemple des portraits de territoires, ou encore des observatoires interactifs. C’est ce qu’a mis en place Patrick Couturier au Secours Populaire Français : « (…) la carte dynamique parle [aux utilisateurs] et leur permet de passer en deux clics de l’échelle nationale à l’échelle locale, d’un indicateur à l’autre. Ils ont bien adhéré au système de la carte interactive, et même ceux qui avaient du mal à rentrer dedans à l’origine s’y sont mis en voyant les bénévoles des départements voisins disposer de cartes à volonté ! ». En ayant accès à des données d’activité (nombre de donateurs, nombre de personnes aidées, nombre de bénévoles…), les équipes du SPF ont un aperçu pratique du territoire : « Ce type de carte donne une vision claire des actions et des enjeux spécifiques à chaque territoire. Elle est très parlante pour les acteurs locaux. »
Une application cartographique peut également constituer un outil pratique au jour le jour pour les membres d’une association ou d’une administration. C’est par exemple le cas avec une application développée par le Secours Populaire pour aider les bénévoles à mieux accompagner les personnes qui font appel à eux. Les bénévoles accèdent à une carte interactive, recherchent la commune d’origine de la personne et obtiennent la structure SPF la plus proche, avec ses coordonnées, le nom du responsable, la distance… On communique ainsi immédiatement la bonne information pour que la personne obtienne de l’aide le plus vite possible.
Enfin, les observatoires interactifs jouent un rôle essentiel dans la communication et l’information du grand public.
En effet, ils rendent visibles et lisibles les informations. Les observatoires, disponibles sur un site web, sont accessibles facilement via Internet. C’est donc un medium susceptible de toucher le grand public et de lui transmettre des informations de manière immédiate.
Voici quelques exemples d’observatoires dédiés au grand public :
L’observatoire du COVID en France et dans le monde
Dès le début de l’épidémie de COVID-19, Articque a réalisé une carte interactive de l’épidémie. Cet observatoire s’est enrichi au fil du temps d’indicateurs complémentaires (nombre de tests positifs, de personnes vaccinées selon le nombre d’injections, R effectif…). Cette carte, réalisée par des experts à la fois de la cartographie et des statistiques, a pour but d’informer le grand public sur l’évolution de l’épidémie, à l’heure où les fake news et les représentations erronées fleurissent.
Les cartographies d’information de la DRJSCS Hauts de France
La Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS) des Hauts-de-France met à la disposition du grand public plusieurs cartes interactives mettant en avant les ressources de son territoire :
· Une cartographie des structures spécialisées dans l’accompagnement des femmes victimes de violence
· Une cartographie de la lutte contre l’illectronisme
· Une carte interactive localisant les structures habilitées à distribuer de l’aide alimentaire
· Une carte localisant les initiatives sur l’alimentation
Ces cartes interactives ont un usage très concret : le grand public peut localiser les structures répondant à ses besoins, avec leurs coordonnées, etc.
L’observatoire de l’habitat de l’ADIL du Grand Ouest :
Les ADIL de Bretagne et des Pays de Loire réalisent un observatoire du logement qu’ils mettent à la disposition du grand public pour communiquer sur de nombreuses problématiques : population, construction, locatif social… Cela permet d’informer la population, les élus et les professionnels des spécificités du logement sur le territoire.
A propos de l’auteur : Véronique MÉLIOT
J’ai rejoint Articque en 2017 pour créer des contenus web sur la cartographie et ses nombreuses applications métier, dans tous les domaines d’activité.