Élections municipales 2020 : l’abstention était bien présente
Le 1er tour des élections municipales 2020, qui a eu lieu alors que l’épidémie de coronavirus prenait une nouvelle ampleur sanitaire dans notre pays, a livré son verdict. Et, fait unique dans l’histoire de la Vème République, le taux d’abstention à l’issue du 1er tour de ce scrutin a atteint le score historique de 55,4%. Nous vous proposons de faire un tour de France de l’abstention qui s’est exprimée à l’occasion du 1er tour des élections municipales 2020, département par département [cartographie réalisée avec notre logiciel Cartes & Données].
Élections municipales 2020 : une abstention inédite depuis 1958
Inédit… c’est le mot approprié pour qualifier les résultats du 1er tour des élections municipales de 2020. Une première dans l’histoire de la Vème République, tant l’épidémie de coronavirus a pesé sur le déroulement de ce scrutin (c’est le facteur principal qui semble avoir motivé un taux d’abstention aussi élevé). Cet événement rentrera dans les annales de la vie politique française. Le résultat donne une carte de l’abstention assez éclatée, même si un noyau homogène – avec un taux d’abstention supérieur à 59 % – se dégage dans les départements d’Île-de-France (exception faite pour Paris), dans les Pays de la Loire (Maine-et-Loire et Loire-Atlantique), en Auvergne-Rhône-Alpes (Loire et Rhône), dans le Grand Est (Haut-Rhin et Bas-Rhin) ou encore en PACA (Alpes-Maritimes, Var et Bouches-du-Rhône). D’autre part, il est à noter qu’à l’exception de Mayotte, cette forte abstention est localisée principalement dans la partie septentrionale de l’Hexagone.
Comment expliquer cette forte abstention dans certains départements français ?
Il est intéressant, pour tenter de comprendre ce phénomène, de réaliser une corrélation avec la carte de la répartition de la population âgée de plus de 60 ans et de plus de 75 ans en France (voir les cartes si dessus) : de nombreux départements métropolitains, dont la population a plus de 60 ans, ont voté plus que la moyenne nationale lors du 1er tour. La crainte de contracter ou de s’exposer au coronavirus ne semble pas avoir été un facteur dissuasif pour les électeurs les plus âgés : ils se sont déplacés en masse afin d’accomplir leur devoir civique, contrairement aux populations plus jeunes et encore actives (de moins de 60 ans) vivant dans les Pays de la Loire, la région Auvergne-Rhône-Alpes ou l’Île-de-France. Peut-être le confinement imposé aux actifs s’est-il mué en confinement civique dans un but sanitaire (notamment pour se protéger et protéger leur entourage proche d’une possible contagion) ?
L’âge de la population est l’un des facteurs à prendre en compte, parmi d’autres comme par exemple le rejet classique de la politique ou l’accentuation du phénomène abstentionniste (rappelons qu’en 2014 le taux d’abstention a dépassé la barre des 36%).
Et maintenant ?
Les résultats des élections municipales 2020 sont désormais figés puisque le second tour a été reporté sur décision d’Emmanuel Macron (en date du 16 mars), notamment à cause de l’accélération de l’épidémie de coronavirus en Europe et en France en particulier (le stade 3 a été franchi dans notre pays à ce moment-là). Cependant, la victoire des listes ayant obtenu plus de 50% des suffrages exprimés au 1er tour est validée. Pour la tenue du second tour, la date du 21 juin a été retenue par le gouvernement (date qui devra être, néanmoins, validée par un collège d’experts scientifiques compte-tenu de la crise sanitaire en France).
À propos de l’auteur : Mathieu Boisseau
J’ai rejoint Articque en tant que webmarketeur afin de créer des contenus dédiés au monde de la cartographie statistique.