Publié le 28/10/2019 par Mathieu Boisseau | Mis à jour le : 15/06/2023 | 8 min de lecture
Sujets : Énergie, Logiciel de cartographie, Transition écologique
ENR et géomarketing : une ambition commune au service de la croissance verte
Qu’on se le dise : le géomarketing a un potentiel illimité. Véritable couteau suisse, il offre une gamme étendue de possibilités et de solutions métier à de nombreux secteurs d’activité : la banque, l’industrie, les assurances, la recherche ou encore les fonds d’investissement. La finalité ? Rentabiliser, optimiser, sectoriser, conquérir des parts de marché, s’implanter, investir… Le secteur des énergies renouvelables (ENR) n’y échappe pas : la croissance verte, planifiée par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), donne un coup d’accélérateur incontestable à ce marché. ENR et géomarketing, c’est assurément le couple de demain. Nous vous livrons quelques clés à travers l’exemple symptomatique des énergies éolienne et photovoltaïque.
1. Les énergies renouvelables (ENR) en France
Objectif : la transition écologique
Ce n’est pas nouveau mais le feu est plus que jamais au vert en France en ce qui concerne les énergies renouvelables. Notre pays s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de transition écologique (loi du 17 août 2015) : il s’agit de porter la part des énergies renouvelables à 23% de la consommation finale en 2020 et à 32% en 2030. Ce qui implique une baisse de la production du nucléaire à 50% en 2025. Cette ambition est portée par l’ADEME [1], dont la mission est de coordonner et de réaliser des actions dans le cadre de la protection ou du développement des énergies renouvelables.
Quid de la filière éolienne…
L’éolien occupe une place de choix au sein des énergies renouvelables. Il constitue une manne économique croissante sur le territoire national : son chiffre d’affaires s’élevait en 2018 à 5,2 milliards d’euros (soit 3 fois plus qu’en 2006), dont 14% à l’exportation [2]. L’éolien génère plus de 17000 emplois directs. Ses parcs sont principalement situés dans 2 régions : Hauts-de-France et Grand Est. La volonté est de produire d’ici 2023 une puissance installée de 24,6 GW (elle représente à l’heure actuelle environ 16 GW). La France possède le 4ème parc européen en termes de capacité énergétique derrière l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni. L’activité de l’éolien maritime n’est pas en reste (objectif à 2023 : 2,4 GW installés) mais son activité demeure plus modeste que celle de l’éolien terrestre, l’essentiel de l’énergie éolienne produite provenant des parcs terrestres.
… et de la filière photovoltaïque ?
En ce qui concerne la filière photovoltaïque, la France (avec 875 MW installés) se classe au 2ème rang sur le plan européen, derrière l’Allemagne et devant le Royaume-Uni. L’objectif fixé par le PPE en matière de production énergétique est de dépasser le cap des 20 GW en 2023. Le chiffre d’affaires de la filière photovoltaïque talonne celui de la filière éolienne, avec 4,7 milliards d’euros. En juin 2018, un Plan d’action gouvernemental a été initié afin de fluidifier le marché du photovoltaïque en France et de favoriser la réalisation des projets (1/3 d’entre eux sont abandonnés). Lorsqu’il est question de détection de zones blanches, d’implantation de parcs ou encore d’exploitation de sites (construction et entretien), les acteurs de l’ENR, en particulier pour les filières de l’éolien et du photovoltaïque, se heurtent à un nombre de contraintes techniques, législatives, politiques ou économiques. C’est ici que le géomarketing fait preuve de sa pertinence et de son efficacité.
2. ENR et géomarketing : répondre aux contraintes de la filière éolienne
L’éolien est indiscutablement l’une des filières les plus réglementées au sein des ENR. Elle est soumise à un ensemble de facteurs dont plusieurs s’avèrent décisifs dans l’implantation réussie d’un parc éolien :
- Les éoliennes, qui causent des perturbations en matière de navigation et de détection, ne doivent pas être localisées dans un couloir aérien. De plus, leur taille (entre 90 et 180 m de hauteur) constitue un obstacle pour les vols à très basse altitude.
- Les zones résidentielles les plus proches doivent être situées à plus de 500 m du parc éolien
- Les bases militaires doivent être localisées au-delà d’un rayon de 20 km
- La dynamique économique locale : il est nécessaire de s’inscrire dans une démarche politisée en s’appuyant sur les circonscriptions électorales et communales favorables à l’éolien. Les maires jouent un rôle déterminant : rien n’est possible sans leur accord ni leur action. L’éolien représente des avantages fiscaux pour les collectivités territoriales, la commune récupérant par exemple 20% de l’Imposition Forfaitaire sur les Entreprises de Réseau (IFER).
- Les zones d’opposition actives à la filière éolienne : même si l’État assouplit les délais juridiques, des recours anti-éoliens peuvent toujours être portés devant la justice.
- La connaissance du foncier exploitable dans les zones cadastrales : quels terrains sont susceptibles d’être loués ou achetés ? À quels prix et pour quelles superficies ?
D’autres facteurs climatologiques ou topographiques influent fortement sur le succès de l’entreprise: il est difficilement envisageable et rentable d’implanter des éoliennes dans une zone faiblement venteuse.
3. ENR et géomarketing : optimiser l’activité de la filière photovoltaïque
Les préoccupations des acteurs de cette filière sont généralement en premier lieu axées sur le potentiel commercial d’un territoire, avec des problématiques classiques :
- Comment prospecter efficacement sur cette zone ?
- Comment améliorer la sectorisation d’une force de vente ?
- Comment déterminer une cible prioritaire ?
- Quelles sont les forces et les faiblesses de la concurrence ?
Les clés du géomarketing répondant à ces questions sont connues et largement utilisées : créer une zone de chalandise ou tracer des zones d’accès (distance ou temps) pour le personnel salarié, améliorer la connaissance client (revenu moyen, âge, profil…) ou encore géolocaliser des infrastructures de transport (routes, voies ferrées, aéroports…). Des données socio-démographiques issues des bases SIRENE ou INSEE viennent alimenter la réflexion. Le rendu visuel par l’intermédiaire de la cartographie statistique permet d’identifier facilement la répartition des clients existants et potentiels, de déterminer les secteurs commerciaux les plus rentables et ceux perfectibles, voire de (re)définir sa stratégie commerciale.
Bien évidemment, le géomarketing est utile pour localiser les zones géographiques possédant les caractéristiques capables d’accueillir des centrales photovoltaïques (superficie, ensoleillement et climat notamment, les ondulateurs étant très sensibles à la chaleur). Par exemple, certains exploitants sont déterminés à sortir du marché agricole et à louer leurs terres. Le ministère de la Défense mettra quant à lui à disposition plus de 2 000 ha de terrain d’ici 2025, à destination des projets ENR.
Il est essentiel de localiser les sites patrimoniaux et les espaces protégés, qui sont nombreux en France : les permis de construire y sont logiquement plus difficiles à obtenir. De même, le géomarketing offre la possibilité de cartographier certains paramètres importants pour un investisseur ou un exploitant (ce que l’on appelle communément de la sectorisation sous contraintes) : l’inflation des loyers du foncier, la qualité des terrains (terrains militaires ou friches industrielles) qui se traduit par une note ou la délimitation de zones blanches. Selon une étude menée par l’ADEME, les zones favorables sont situées à proximité des grands centres urbains et plus particulièrement dans plusieurs régions françaises : Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Ile-de-France, Hauts-de-France et PACA.
Il existe enfin des contraintes légales sur lesquelles le photovoltaïque ne peut pas faire l’impasse : le suivi d’exploitation. Cette obligation est d’ailleurs applicable à la filière éolienne. Chaque installation photovoltaïque doit faire l’objet d’une visite annuelle de contrôle. La cartographie offre l’avantage et la possibilité d’établir un échéancier précis des modules photovoltaïques à contrôler (par ordre de priorité). Et donc à la fois d’optimiser la gestion des ressources humaines ou la mise en place d’une démarche RSE. Le volume de travail est réparti convenablement entre les différents techniciens, en fonction de :
- leurs disponibilités
- leur domiciliation
- leur spécialisation professionnelle
- l’urgence de la situation (activité curative ou préventive)
Conclusion
Dans cette période climatique troublée, les ENR et le géomarketing constituent le couple la mode à la fois dans le souci de transition écologique désiré par l’État français et dans l’intérêt des acteurs économiques de ce secteur. Le géomarketing leur apporte les informations nécessaires pour implanter des parcs énergétiques (éoliens, photovoltaïques ou bio-énergétiques) dans les zones propices au développement de leur activité. Mieux encore, grâce au géo-décisionnel, l’offre énergétique est pleinement adaptée à la cible identifiée. Notre logiciel Cartes & Données est l’outil de cartographie statistique idéal : compatible avec de nombreux logiciels (dont QGIS et ArcGIS) et ergonomique, il prend en considération tous les paramètres (sous forme de couches superposables) qui rentrent en ligne de compte dans votre réflexion. Dans un seul but : votre réussite.
À propos de l’auteur : Mathieu Boisseau
J’ai rejoint Articque en tant que webmarketeur afin de créer des contenus dédiés au monde de la cartographie statistique.