Publié le 29/09/2021 par Mathieu Boisseau | Mis à jour le : 16/12/2021 | 4 min de lecture
Sujets : Cartes & Données, Cartographie, Géodécisionnel, Logiciel de cartographie
Georges-Antoine Strauch
Steve Jobs : 10 ans après sa disparition, Georges-Antoine Strauch se souvient…
Disparu il y a 10 ans, Steve Jobs appartient à cette catégorie de personnalités qui ont laissé une empreinte durable dans l’Histoire des nouvelles technologies. Bien que montrant peu d’appétence pour la cartographie statistique (« il était à la fois un peu éberlué et dubitatif devant Cartes & Données » précise Georges-Antoine Strauch), Steve Jobs est resté aux yeux du président-fondateur d’Articque un entrepreneur de génie, visionnaire et dont l’une de ses principales qualités fut sa grande exigence. Georges-Antoine Strauch nous raconte sa rencontre avec celui qui fut le patron de NeXT et d’Apple.
Nos questions à Georges-Antoine Strauch, président-fondateur d’Articque :
1. Dans quel contexte avez-vous rencontré Steve Jobs ?
2. Où en était Articque en avril 1992 ?
3. De quand date votre 1ère rencontre avec l’univers Apple ?
4. Peut-on comparer Bill Gates à Steve Jobs ?
5. Que retenir de Steve Jobs 10 ans après sa mort ?
1. Dans quel contexte avez-vous rencontré Steve Jobs ?
Georges-Antoine Strauch : « À partir de 1991, nous avons développé le logiciel Cartes & Données sur l’ordinateur NeXT et avec Interface Builder. Du coup, nous avons pu le montrer au salon SIGGIS de septembre. Quant Steve Jobs est venu au CNIT à la Défense en avril 1992, présenter son programme pour la France, j’ai eu l’occasion de lui parler de Cartes & Données. Je l’avais déjà vu au cours de deux évènements conférences données devant un public de plusieurs milliers de personnes, mais j’ai été encore plus impressionné par cette rencontre en personne.
Ce 23 avril 1992, ce fut extra de rencontrer ce génial créateur du Macintosh puis du Cube, ces machines qui ont changé profondément mon existence. Mais mon propos a tourné court puisque cela n’a suscité aucun intérêt chez lui. Je pense qu’il a dû être victime de ce qu’on connut les cadres américains que j’ai rencontrés par la suite : ils ne comprenaient pas ce qu’ils prenaient pour des vignettes, pourquoi les cercles proportionnels n’étaient pas de la même taille. Cet homme pourtant visionnaire n’avait pas les clés pour voir la cartographie statistique en 1992. Il est resté un peu éberlué et dubitatif et en se demandant certainement ‘C’est quoi l’idée ?’. Finalement, Articque était en avance sur Steve Jobs, ce qui n’est pas rien… »
Scott McNealy (Pdg de Sun Microsystems) et Steve Jobs, alors président de NeXT
2. Où en était Articque en 1992 ?
Georges-Antoine Strauch : « Bien qu’ambitieuse, Articque était encore une petite entreprise qui comptait une petite dizaine de salariés. On venait de recevoir l’aide de l’ANVAR et on appliquait ce que j’appelle la ‘stratégie des deux jambes’. Notre double activité était, d’un côté, de vendre des Mac et des prestations et, de l’autre, de faire de la R&D. »
L’équipe d’Articque au milieu d’ordinateurs NeXT
Le premier logo d’Articque
« Certes, nous avons vendu moins de 20 ordinateurs NeXT mais ce n’est pas très important… Ce que je retiens c’est que nous étions présents au bon moment : nous avons ainsi appris Interface Builder de Jean-Marie Hullot (créateur de l’iPhone), qui est devenue Mac OS X. Steve Jobs a toujours privilégié ensuite les personnes qui l’ont suivi dans sa traversée du désert. Du coup, du fait de mon statut de revendeur NeXT, j’ai acquis un statut VIP chez Apple. »
3. De quand date votre 1ère rencontre avec l’univers Apple ?
Georges-Antoine Strauch : « Lors du salon Sabria à Rennes en juin 1984, j’ai découvert le Macintosh. J’étais étudiant et je travaillais sur ma thèse traitant du développement industriel régional. Je me suis alors dit que c’était exactement ce dont j’avais besoin pour faire mon DEA et pour rédiger ma thèse rapidement. J’ai appelé Jean-Louis Gassée (le dirigeant d’Apple France) et après une heure de discussion, je l’ai convaincu de me signer un contrat de développeur qui m’a permis en plus de vendre des Mac, ce qui m’a brutalement enrichi (j’étais alors étudiant boursier). J’ai pu acheter un appartement, et surtout créer l’entreprise ‘Mondial Novation’, que j’ai revendue pour finir ma thèse. À l’époque, à titre d’exemple, pour le prix de 3 ordinateurs Macintosh, on pouvait se payer une Renault 25, la plus grosse voiture française de la fin des années 1980. C’était incroyable. »
Photo de Steve Jobs… ou de Georges-Antoine Strauch ?
Photo de Georges-Antoine Strauch… ou de Steve Jobs ?
4. Peut-on comparer Bill Gates à Steve Jobs ?
Georges-Antoine Strauch : « Steve Jobs était un visionnaire, loin devant Bill Gates qui ne faisait que savoir faire des affaires. Il était un homme de projets et d’innovation, dont l’influence se fait sentir encore aujourd’hui. Alors que Bill Gates a surtout su vendre un système d’exploitation à IBM et rédiger le bon contrat… »
5. Que retenir de Steve Jobs 10 ans après sa mort ?
Georges-Antoine Strauch : « Steve Jobs a su repérer le talent chez les autres et ces derniers n’auraient jamais rien réussi si lui-même n’avait pas été capable d’en faire un produit. Certes, Steve Wozniak était génial, il avait tout compris et tout fait mais il fallait encore industrialiser l’idée. L’exigence de Steve Jobs lui a valu d’être traité de tous les noms mais c’était l’une de ses plus grandes forces.
Il lui arrivait d’appeler le responsable du design d’Apple à 4 heures du matin car il manquait un dixième de degré sur la pente de la dalle d’un iPhone. Et surtout de stopper les chaînes de production qui devaient démarrer quelques heures plus tard… C’est exceptionnel ! Et pour tout dire inimaginable en France. »
Mathieu Boisseau
Après une expérience passionnante chez Digitaleo (Rennes), j’ai rejoint Articque afin de créer des contenus dédiés à la cartographie statistique et au géomarketing.