Publié le 20/04/2021 par Mathieu Boisseau | Mis à jour le : 17/12/2021 | 6 min de lecture
Sujets : Cartographie
Pierrick Bornemann
Pierrick Bornemann, formateur-cartographe d’Articque : « Nous sommes des passionné(e)s »
Membre du service de cartographie et formateur, Pierrick Bornemann raconte son parcours depuis les bancs de l’université de géographie de Strasbourg jusqu’à son arrivée au sein d’Articque en 2018. Il nous explique notamment quelles sont les qualités que l’on est en droit d’attendre d’un bon formateur ainsi que sa passion pour la carte thématique.
Nos questions à Pierrick Bornemann, formateur et membre du service de cartographie d’Articque :
1. De quand date ton appétence pour la cartographie ?
2. Quelle est ta formation universitaire ?
3. Quand as-tu intégré le service de cartographie d’Articque ? Quelles sont tes missions ?
4. Qu’est-ce qu’un bon formateur ?
5. Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) souhaitant travailler dans un service de cartographie ?
6. Quelles sont les cartes thématiques que tu aimes particulièrement réaliser ?
7. Un conseil de lecture ?
1. De quand date ton appétence pour la cartographie ?
Pierrick Bornemann : « Je me suis pris de passion pour la géographie lorsque j’étais enfant. J’ai su décrypter une carte avant de savoir lire. Je dessinais même des cartes à main levée. En grandissant, j’ai gardé le goût de la géographie mais pas celui de la cartographie. J’ai redécouvert cette discipline durant mon cursus universitaire à Strasbourg. Mais les ‘retrouvailles’ ont été difficiles : je n’aimais pas la cartographie, notamment à cause de l’aspect statistique. Et d’ailleurs, j’ai pensé m’orienter plutôt vers l’environnement ou l’urbanisme. Le déclic a eu lieu tardivement, en fin de licence de géographie, grâce à un travail qui m’a beaucoup plu : la réalisation de cartes thématiques sur la base d’images satellites. »
Carte de l’élection américaine 2020 réalisée par Pierrick Bornemann
2. Quelle est ta formation universitaire ?
Pierrick Bornemann : « Durant mon master de géographie, j’ai suivi une spécialisation en géomatique, comme l’a fait Maxime Oung qui est cartographe Blay-Foldex. C’est une formation très technique qui forme à la pratique de logiciels SIG, des bases de données et à la programmation. Je me suis spécialisé dans le traitement des données 3D via le logiciel Blender notamment. Parallèlement, j’ai me suis intéressé à un phénomène géologique : les glissements de terrain dans la commune alpine de Vars. Le but était d’actualiser la thèse réalisée dans les années 1990 par l’enseignant-chercheur Brice Martin. Après l’obtention de mon master en 2015, j’ai effectué 2 ans de thèse de doctorat (sur la question des glissements de terrain) tout en étant enseignant à l’université. D’ailleurs, l’enseignement m’a davantage marqué que la recherche. »
3. Quand as-tu intégré le service de cartographie d’Articque ? Quelles sont tes missions actuelles ?
Pierrick Bornemann : « J’ai été recruté chez Articque en 2018, en tant que formateur-cartographe avec pour missions d’assurer la formation de nos utilisateurs, le support technique, les entretiens trimestriels, les prestations cartographiques ou encore de documenter l’aide en ligne du logiciel Cartes & Données. Mais c’est assurément la formation qui occupe la majeure partie de mon activité professionnelle. Comme mes collègues du service Formation, j’étais souvent en déplacement chez nos clients avant le début de la crise sanitaire. La formation à distance est un exercice différent. Il manque actuellement le côté humain, la richesse de l’interaction avec nos stagiaires est moindre. Je suis impatient de retrouver nos clients en présentiel. »
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4. Qu’est-ce qu’un bon formateur ?
Pierrick Bornemann : « Un bon formateur doit donner envie d’utiliser l’outil cartographique. Si on forme un stagiaire qui délaisse ensuite le logiciel (en se disant que c’est compliqué ou qu’il s’en servira de temps en temps en appoint), notre mission ne sera pas tout à fait remplie. Un bon formateur doit être pédagogue et patient : il faut s’adapter aux stagiaires qui ont des profils plus ou moins techniques. La clé de la formation est de parvenir à comprendre ce que le client souhaite ou comment il imagine ses futures cartes.
Il est donc inenvisageable de proposer une formation Cartes & Données standard. C’est là que réside l’une des forces d’Articque : la formation est personnalisée en fonction du profil du stagiaire et de son secteur d’activité. C’est cela qui donne envie au client de pratiquer l’outil cartographique. D’ailleurs, les retours de post-formation via nos questionnaires de satisfaction (qui sont renseignés par les clients tout juste formés), illustrent la pertinence du sur-mesure.
Il faut dire également qu’au service de cartographie, nous sommes tous des passionné(e)s, que ce soit Mathieu Guitton, Agnès Niclot, Martin Chalet ou moi-même. C’est aussi l’un des ingrédients qui explique le succès des formations Articque. Personne n’a choisi son poste de formateur-cartographe par défaut. »
5. Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) souhaitant travailler dans un service de cartographie ?
Pierrick Bornemann : « Le premier conseil est de ne pas se décourager au contact de la technique car, au début, les outils cartographiques et le corpus de connaissances sont un peu rebutants. En fait, la cartographie n’est pas si compliquée que cela, il faut juste persévérer. Il y a un foisonnement d’outils qui évoluent rapidement, il faut faire l’effort de comprendre et de suivre ce développement technologique.
Il ne faut pas hésiter à se former soi-même – en aiguisant régulièrement sa curiosité – et à s’intéresser à la cartographie sous un angle thématique. La cartographie prend tout son sens avec des expériences concrètes, en répertoriant par exemple des routes pour une communauté de communes ou en réalisant des cartographies forestières à l’Office national des forêts. Rien de tel pour se donner envie de faire de la cartographie. »
6. Quelles sont les cartes thématiques que tu aimes particulièrement réaliser ?
Pierrick Bornemann : « J’aime réaliser des cartes électorales, comme par exemple celle que j’ai conçue avec notre logiciel Cartes & Données à l’occasion de la dernière élection américaine. La répartition des votes par État et par grand électeur imprime une logique géographique particulière, ce qui rend le déroulement de l’élection passionnant. J’ai donc suivi l’élection de novembre dernier comme un feuilleton, format qui se prête bien à la cartographie. J’ai pu observer les tendances de vote en temps réel, d’abord en faveur de Trump puis de Biden. Sans oublier que la recherche de la bonne source de données – parmi les nombreuses bases de l’open data – est une phase stimulante et cruciale pour la crédibilité de la carte créée. »
7. Un conseil de lecture ?
Pierrick Bornemann : « Le livre que j’ai beaucoup aimé récemment est l’un des romans de l’auteur paraguayen Augusto Roa Bastos intitulé ‘Fils d’homme’. Roa Bastos (1917 – 2005) est un écrivain dans la même veine que Gabriel Garcia Marquez, en cela qu’il fait appel à la notion de réalisme magique. Ce livre est une fresque historique qui raconte l’histoire du Paraguay à travers la fuite de deux esclaves. D’ailleurs, l’histoire de ce pays d’Amérique latine est à la fois singulière, méconnue et intrigante : elle a été marquée par des régimes politiques autoritaires, un métissage forcé de la population et des guerres très meurtrières pour la conquête de bouts de désert. »
Mathieu Boisseau
J’ai rejoint Articque comme rédacteur SEO afin de créer des contenus dédiés au monde de la cartographie statistique.